L’entreprise de tissage Emanuel Lang, implantée à Hirsingue (Haut-Rhin), a racheté le matériel d’une filature en Hongrie pour une relocalisation en France. Une première car il n’y avait plus de filature de lin française depuis le départ, en 2005, de Safilin en Pologne. « Il s’agit d’un process de fabrication simple d’affinage des fibres de lin. La production de fil a démarré au début de cette année », indique Christian Didier, directeur de l’usine d’Hirsingue. L’entreprise voulait développer rapidement une filière de lin dans son activité de tissage. « Nous importions du coton qui est très polluant pour la planète. Avec le lin qui est une plante respectueuse de l’environnement, nous avons la possibilité de réhabiliter la filière en France de façon complète », poursuit le directeur.
Lin de Normandie
La filature alsacienne s’est rapprochée de la coopérative de teillage Terre de Lin à Saint-Pierre-le-Viger (Seine-Maritime) pour, dans un premier temps, tester l’affinage des premières fibres de lin. Elle prévoit d’en commander jusqu’à 120 tonnes par an. « C’est un beau projet de relocalisation d’une filière complète, même si nous restons encore sur des capacités limitées », se réjouit Laurent Cazenave, chargé de communication à la coopérative Terre de Lin. La coopérative normande, la plus importante de France, produit 25 000 tonnes de lin teillé par an, soit 15 % de la production mondiale. Sur ces 25 000 tonnes, 30 % sont exportées en Europe et 70 % en Chine. La coopérative est spécialisée dans le teillage et le peignage du lin, deux étapes avant la filature.
Plusieurs filatures étaient encore implantées en Europe avant les années 2000. Il en reste deux, en Pologne et en Lituanie. De nos jours la consommation de lin se développe partout dans le monde, même si le marché asiatique reste le principal débouché pour nos fibres, mais elle se développe également en Inde et on observe depuis deux ou trois ans que les Chinois achètent aussi des vêtements en lin.
Avec la crise sanitaire, tous les teillages étaient à l’arrêt. S’ils ont repris depuis peu, le marché est toujours dans l’attente. Les professionnels du lin doivent maintenant gérer au mieux les stocks, car beaucoup de lin de la récolte 2019 reste à teiller. Les emblavements pour la récolte de 2020 étaient déjà engagés avant la décision du confinement, mi-mars, et les surfaces ont été maintenues. Alors, pour sortir la tête de l’eau, la filière a demandé une baisse draconienne des surfaces de lin pour 2021.