L’irrigation est un levier intéressant pour la compétitivité de la betterave à la condition d’une bonne utilisation. Les contraintes que peuvent être les limitations des quotas d’eau ou encore l’augmentation des charges liées à l’électricité obligent à être rigoureux sur la conduite des tours d’eau.

Irribet pour le déclenchement des tours d’eau

Irribet est un outil gratuitement mis à disposition sur le site internet de l’ITB. Il permet de dresser le bilan hydrique de chacune des parcelles d’une exploitation et de détecter lorsque l’une d’elles passe sous la réserve de survie. C’est alors qu’un tour d’eau peut être déclenché. L’outil donne automatiquement une projection à dix jours sans pluies afin d’anticiper au mieux les prochains tours d’eau à réaliser.

Afin d’en tirer une utilisation la plus fiable possible, il est nécessaire d’avoir des données de pluviométrie issues d’une station très proche de la parcelle concernée. L’ITB met à disposition un réseau de stations. Irribet permet aussi le renseignement de données issues d’une station personnelle ou la saisie ponctuelle de pluviométrie. Cette dernière permet par exemple d’indiquer une pluie importante liée à un orage très localisé qui n’aurait pas atteint la station renseignée. Une deuxième variable importante est la réserve utile, à savoir la réserve en eau du sol accessible aux plantes : une grille indicative est mise à disposition au moment de la création d’une parcelle sous Irribet afin d’aider à en fixer la valeur.

Irriguer pour améliorer les performances économiques

Les essais conduits par la délégation ITB Centre-Val de Loire démontrent l’intérêt économique de l’irrigation de la betterave dans cette région. La figure 1 fait état des résultats économiques de seize essais conduits entre 2006 et 2019, comparant un témoin non irrigué à une modalité irriguée dès les premiers stress hydriques identifiés (sur la base du bilan hydrique Irribet) jusqu’aux alentours du 15 août. Pour un coût de l’eau de 3 €/mm (amortissement matériel, électricité…), dans la fourchette haute des coûts, environ 75 % des essais ressortent avec une différence positive de marge brute, avec une médiane à +500 €/ha. À noter tout de même que l’impact du coût de l’eau est loin d’être négligeable sur les performances économiques. Les situations les moins rentables répertoriées correspondent la plupart du temps aux années climatiques avec des relais de pluies réguliers, peu de tours d’eau réalisés, discriminant peu témoin et irrigué en termes de productivité.

La délégation Centre-Val de Loire a aussi mené des modalités d’irrigation avec une date d’arrêt plus tardive. La figure 2 compare ces modalités avec une date d’arrêt autour du 20-30 août par rapport à la modalité conseillée. Économiquement, ces apports tardifs ressortent négativement dans quasiment tous les essais. Le relai de pluies et l’impact de ce(s) dernier(s) tours d’eau sur la richesse ne le(s) rende(nt) pas intéressant(s), d’autant plus que le coût de l’eau est jugé élevé. Au-delà des alentours du 15 août, même si le bilan hydrique indique une réserve en eau sous la réserve de survie, réaliser un tour d’eau est jugé contre-productif.

Irriguer en situation de contraintes

Des contraintes sur les quotas d’eau, ou bien de disponibilité de matériel mobilisé pour d’autres cultures, peuvent empêcher de mener une irrigation tout au long du cycle de la betterave. Dans le cas de restriction de quotas, une irrigation avec un arrêt précoce des tours d’eau est souvent bien valorisée. La figure 3 donne les résultats d’une modalité d’arrêt autour du 5-10 juillet par rapport à un témoin non irrigué.

Ceux-ci ressortent globalement positifs. Pour les autres situations de contraintes, l’ITB a déjà déployé une nouvelle modalité dans ses essais avec un déclenchement tardif de l’irrigation, et prévoit d’autres travaux mobilisant de la modélisation.

Faut-il sacraliser l’animal ?
Seize essais – Prix de la betterave : 23 €/t à 16°. ©ITB

Faut-il sacraliser l’animal ?
Cinq essais (arrêt tardif autour du 20-30/08) – Prix de la betterave : 23€/t à 16°. ©ITB

Faut-il sacraliser l’animal ?
Sept essais retenus (arrêt précoce autour du 05-10 juillet) – Prix de la betterave : 23 €/t à 16°. ©ITB

CE QU’IL FAUT RETENIR

Le déclenchement de tours d’eau doit se faire sur la base d’un bilan hydrique, tel que celui fournit par Irribet. Cet outil est disponible gratuitement sur le site internet de l’ITB (www.itbfr.org).

En région Centre Val-de-Loire, le déclenchement de tours d’eau au-delà du 15 août ne présente globalement pas d’intérêt économique.

Dans le cas de contraintes sur les quotas d’eau, des tours d’eau réalisés jusqu’au 5-10 juillet (et au-delà) sont globalement bien valorisés.