S’il est toujours conseillé de choisir sa variété pour sa régularité de rendement, d’autres critères entrent en compte. Dans le nord-est et le nord-ouest, la résistance au phoma est le premier caractère à sélectionner. Les variétés TPS (très peu sensibles) phoma demeurent recommandées dans les zones à risque, en particulier là où le colza revient souvent dans la rotation. Face à d’autres risques parasitaires, des solutions existent. Dans les secteurs à pucerons, les variétés dites « partiellement résistantes au virus TuYV », transmis par le puceron vert, ont été adoptées depuis deux ans. Elles permettent de baisser le nombre de plantes infectées et la charge virale (quantité de virus dans la plante). La liste des colzas tolérants* s’est élargie cette année, LG Architect étant la plus utilisée en 2019. Dans les secteurs à méligèthes, le mélange de variétés a prouvé son efficacité face à ce ravageur. La stratégie consiste à utiliser, avec la variété principale, 5 à 10 % d’un colza à floraison très précoce, tel que ES Alicia, et aussi Ginfizz ou Troubadour. Celle-ci attire les méligèthes avant la floraison de la variété dominante et sert de plante-piège. La méthode fonctionne bien si la charge en méligèthes est modérée. Selon Terres Inovia, « cette méthode agronomique facile à mettre en œuvre limite le risque méligèthe en cas de pression faible à moyenne mais peut s’avérer inefficace en cas de pression forte ».
Autant de quintaux, moins d’azote
Les variétés capables de produire avec moins d’engrais azotés, par une meilleure exploitation des réserves du sol, sont aussi en cours d’identification. La plante de colza a de forts besoins en montaison, pouvant absorber jusqu’à cinq unités N/ha/jour. « Pour l’azote, la recherche sur une espèce à cycle long de onze mois et à croissance indéterminée est extrêmement complexe », note Xavier Pinochet, ingénieur chez Terres Inovia. « Il existe des différences non négligeables de taille et de morphologie des systèmes racinaires entre génotypes de colza. Il faut bien distinguer la capacité à absorber de l’azote minéral durant la phase végétative et les phénomènes de sénescence et de remobilisation d’azote à partir des feuilles et des tiges pour aller vers les graines », ajoute-t-il. Les hybrides de colzas capables de mieux extraire l’azote disponible dans le sol arrivent en 2020 dans la gamme LG avec LG Aviron et LG Ambassador (Limagrain). « Le caractère N-Flex apporte une capacité génétique à optimiser l’azote disponible durant leur cycle végétatif. Ces variétés tolèrent mieux les manques ponctuels de fourniture azotée du sol et sont moins pénalisées dans les cas d’apports différés », explique François Jansseune, chef produit LG. Autre avantage : lors d’un printemps sec où l’azote est moins bien valorisé comme en 2019, les variétés N-Flex sont moins touchées.
Colza associé : moins de ravageurs
Les surfaces de colza associé à une légumineuse ou à plusieurs plantes de service continuent à se développer. Semences de France propose le mélange prêt à semer Covermix, et Sem-Partners ses associations Colza-Fix. Les essais réalisés par l’Inrae et le réseau Alliance ont confirmé le maintien du rendement du colza semé avec des légumineuses gélives. La féverole apporte même un petit plus. La fertilisation du colza peut être aussi minorée de 30 à 40 unités/ha si un couvert à base de féverole seule ou mélangée (avec lentille, fenugrec, trèfle ou vesce) est présent. Les analyses montrent que les parties aériennes de la culture ont une plus forte teneur en azote à l’entrée de l’hiver et que les colzas associés valorisent également mieux l’azote au printemps. Enfin, les essais confirment la réduction de la densité d’adventices à l’entrée de l’hiver. Selon la conclusion de cette étude de l’Inrae, la conduite d’un colza associé en bas niveau d’intrants permet un maintien du rendement avec -25 % d’indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) en moyenne. Autre avantage : « Les taux d’attaques de grosse altise et de charançon sont réduits en moyenne de 10 à 15 % avec un colza associé comparativement à un colza cultivé seul », souligne Aurore Baillet, ingénieure chez Terres Inovia. La réduction du taux d’attaque par les ravageurs peut atteindre 30 % dans les parcelles où l’association s’est bien développée. À savoir : l’Inrae et ses partenaires proposent un outil qui résume les pratiques d’association du colza d’hiver à des plantes de service. Cet outil CAPS** permet de vérifier si la pratique du colza associé est réalisable sur la parcelle de l’utilisateur. Il identifie parmi onze espèces les plus performantes pour les services recherchés par l’utilisateur. Enfin, pour obtenir de bons résultats avec un colza associé, l’implantation reste l’étape décisive. Idéalement, la culture doit être levée avant fin août pour espérer une production de biomasse aérienne et racinaire suffisante.
*Principales variétés tolérantes TuYv
Absolut, Acropole, Addition, Allesandro KWS, Allison, Amplitude, Angelico, Architect, Aspect, Cadran, Coogan, Delice, Feliciano KWS, Temptation.
**Colza associé à des plantes de service https://www6.versailles-grignon.inrae.fr/agronomie/Questionnaires/Q-Agronomie/Formulaire-CAPS