La sortie de la nouvelle version de l’outil  Choix des couverts, développé par Arvalis, et auquel l’ITB a contribué, donne l’occasion de rappeler les principes généraux à suivre pour bien choisir son couvert. Cet outil, disponible à l’adresse http ://www.choix-des-couverts.arvalis-infos.fr/ permet d’établir une liste d’espèces conseillées selon les situations décrites.

Contexte agronomique et contraintes liées au semis

Le choix des espèces doit tenir compte des cultures présentes dans l’assolement, de la culture suivante et des contextes parcellaires particuliers. Le tableau ci-dessous classifie, sur la base de ce qui a été renseigné dans l’outil Choix des couverts, les principales espèces pour des situations avec une betterave positionnée en culture suivante. Globalement, les couverts à base de légumineuses sont préconisés dans les situations où ils peuvent être conduits correctement (semis précoce, bonne qualité de semis, etc.) et à condition que la ou les autres espèces du mélange ne présentent pas de contre-indication pour la betterave. Le mode et la date de semis prévus sont aussi des critères primordiaux. À titre d’exemple, en zones betteravières, des couverts à base de légumineuses ne devront pas être semés après le 15-20 août. L’enquête SITE (devenue BETA’STAT) de l’ITB révélait en 2015 que plus de 50 % des couverts à base de légumineuses étaient semés trop tard, ce qui est regrettable compte-tenu du prix souvent élevé de ces mélanges.

Dans les couverts peu recommandés figure le sarrasin qui posera de grosses difficultés de désherbage avec des problèmes de levées échelonnées dans la betterave suivante. Les crucifères (moutarde d’Abyssinie, variétés génériques de moutardes blanches, radis, etc.) non-antinématodes sont à éviter pour gérer le risque nématodes à kystes, notamment dans des rotations avec colza. Pour les couverts de graminées, des effets dépressifs ont été observés sur betterave avec les ray-grass, notamment dans le cas de destruction tardive. Concernant les situations à risque pour le nématode du collet (Ditylenchus dipsaci) – cultures multiplicatrices présentes dans l’assolement… – et les situations où le parasite a été observé dans la parcelle ou sur l’exploitation, les pois, féveroles et seigles sont proscrits.

Au-delà des espèces, le choix de certains couverts doit aller jusqu’à la variété. Bien entendu, il conviendra de s’assurer pour les moutardes et radis retenus que les variétés sont antinématodes. En plus de cela, l’ITB donne sur son site internet les principales caractéristiques des moutardes et radis antinématodes – dont la précocité – sur la base de résultats d’observations expérimentales dans les contextes betteraviers. À noter qu’il est par ailleurs intéressant de choisir des variétés de vesces résistantes à l’Aphanomyces pour les rotations comprenant des cultures qui y sont sensibles.

Dans cette mise à jour, l’outil  Choix des couverts intègre également les couverts associés au colza et les couverts permanents. Ces derniers ne sont pas recommandés pour la betterave. En revanche, une destruction avant betterave après une conduite sous colza et/ou céréales, par exemple, peut s’avérer très bénéfique. C’est l’observation faite notamment sur le dispositif expérimental de l’AREP, conduit à Poix, où un gain de 10 t/ha a été observé sur betterave avec une économie de 40 u/ha d’azote après destruction d’un couvert de trèfle dans la précédente orge de printemps.

De même, le choix se fera en tenant compte du matériel de semis mobilisé. Selon les espèces, la sensibilité à la qualité de semis diffère : des légumineuses seront par exemple bien plus exigeantes que des moutardes ou radis.

Quel objectif ?

Un couvert doit aussi répondre à un objectif donné. Dans des situations d’apports d’azote organique à l’automne, ou bien dans des sols à forte minéralisation automnale, il peut être judicieux de considérer des couverts optimisés pour la production de biomasse et la qualité de piège à nitrates : moutarde, phacélie, radis… Dans des parcelles où le maintien d’un niveau de salissement correct est difficile (historique de salissement conséquent, précédent orge de printemps, etc.), il est intéressant de considérer des espèces à couverture rapide (moutarde, seigle…). Pour les parcelles où l’objectif est de valoriser l’effet fertilisant du couvert sur la culture suivante, les mélanges à base de légumineuses sont préconisés. Un couvert peut en outre avoir vocation à être exporté. Dans la nouvelle version de l’outil  Choix des couverts, un conseil est donné pour les agriculteurs souhaitant exporter leurs couverts d’interculture pour une valorisation énergétique. Enfin, l’outil renseigne tout autant les espèces à propriétés mellifères et/ou labellisées « Agri-faune ».

Mode de destruction

L’outil  Choix des couverts propose une prise en compte du mode de destruction prévu pour établir la liste de couverts conseillés : destruction mécanique, chimique, gel, etc. Pour le gel, au sein d’une même espèce, les sensibilités peuvent par ailleurs être différentes selon les variétés, souvent liées à la précocité de celles-ci : les plus précoces auront tendance à moins résister au gel. L’ITB propose dans sa grille de caractérisation des couverts crucifères antinématodes, une mention pour les radis. Dans tous les cas, il ne faut pas compter uniquement sur le gel pour leur destruction, mais une intervention mécanique sur gel avec une variété sensible peut donner de bonnes efficacités.

Faut-il sacraliser l’animal ?
©ITB

CE QU’IL FAUT RETENIR

Le choix d’un couvert d’interculture doit tenir compte du contexte parcellaire, des objectifs fixés et des contraintes. Sur une exploitation, il est donc recommandé d’implanter différents types de couverts selon les situations parcellaires.

Au-delà de l’espèce, il peut être important de considérer la variété : l’ITB donne sur son site internet les caractéristiques d’intérêt des crucifères antinématodes.