Le ton est brusquement monté, le 10 juin, entre la Chambre syndicale française de la levure (CSFL) et la filière betterave-sucre-éthanol. La veille, la filière levure avait alerté « sur les difficultés qu’elle rencontrait depuis plusieurs mois en matière d’approvisionnement en coproduits sucriers, indispensables à la fabrication de la levure ». Le CSFL faisait même planer une menace à peine voilée de manque de pain « dans les boulangeries et les supermarchés » et demandait au gouvernement à ce que les biocarburants ne se développent pas « au détriment de notre souveraineté alimentaire ».
La réponse du syndicat des producteurs de betteraves (CGB) et du Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole (SNPAA) ne s’est pas fait attendre. « Les levuriers du syndicat professionnel CSFL se trompent de combat en prétendant ne plus trouver en France suffisamment de substrats sucrés pour leur activité de production de levure », ont dénoncé les deux organisations dans un communiqué.
Selon les betteraviers, les industriels de la levure veulent avant tout « obtenir, pour les mélasses et autres substrats sucrés, des prix très bas, comparables à ceux qui se pratiqueraient en Russie ou en Chine où les standards de production et environnementaux ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Cela conduirait à devoir payer les betteraves très en dessous des prix de revient des agriculteurs français. »
Les producteurs d’éthanol expliquent qu’il n’y a aucun problème de disponibilité de mélasse et autres substrats sucrés en France : « Les sucriers français livrent régulièrement les volumes demandés par l’industrie de la levure et les autres industries de la fermentation, comme ils l’ont toujours fait ». Et d’ajouter que la production d’éthanol est inchangée depuis plus de dix ans.
F.-X. D.