Après avoir été pris pour des gadgets, les écrans et la numérisation des fonctions d’une machine au travail ne font plus sourire personne. La demande du client s’accroît, confirment les constructeurs. Chez John Deere, un pas de géant a été fait depuis l’époque héroïque. Sans trop remonter dans le temps, l’apparition des premiers capteurs au début des années 2000 a été un marqueur. « Il s’agissait d’un capteur de rendement sur une moissonneuse-batteuse géolocalisée », rappelle Noëlie Aussel, responsable des solutions connectées chez John Deere. D’où l’opportunité d’inaugurer une agriculture dite « de précision », puisque l’on accédait à des données intraparcellaires. « Avec les premiers capteurs et l’arrivée du langage Isobus, la géolocalisation de la machine a servi à son guidage mais aussi à de nouvelles fonctions comme le contrôle de section et la modulation de dose. Les apports d’intrants ont donc pu être limités », ajoute-t-elle.
Enregistrements à la seconde
D’autres problèmes ont été résolus récemment, comme celui de l’insuffisance de la carte de rendement : « L’agriculteur sait maintenant ce qu’il a apporté à sa culture, à quel endroit et à quel moment », explique Noëlie Aussel. Il suit également les réglages de la machine et les adapte aux conditions du chantier. Des capteurs enregistrent des données chaque seconde – débitmètres, capteurs d’humidité, de pression, de rendement. Dans la cabine, les consoles affichent sur des cartes l’ensemble des informations. C’est une cartographie disponible sur le portail MyJohnDeere. En résumé, cette connaissance a affiné le travail de l’agriculteur. « S’il constate, par exemple, un sous-dosage de semis dû à un mauvais écoulement de la semence, la carte pointe l’endroit dans la parcelle, poursuit Noëlie Aussel. Autre situation : après des accélérations du pulvérisateur à la fin d’un demi-tour, la carte de la dose réelle appliquée peut prévenir d’un éventuel sous-dosage. Une carte de qualité facilite aussi l’interprétation des données en figurant le pourcentage d’application de la dose cible. » En complément, un recoupement des cartes est possible sur le portail du constructeur avec la publication des rendements d’une culture par palier de modulation ou par variété. Cela peut s’avérer instructif après une moisson, par rapport à un semis et un essai de variété.
Inséparable mobile
Dernier développement en date, John Deere s’apprête à lancer en Europe au printemps les applications Connect Mobile dédiées aux iPad d’Apple. Très utilisées aux États-Unis, elles seront compatibles avec les semoirs monograines 1725 et 1775 NT, les pulvérisateurs automoteurs et plusieurs modèles de moissonneuses-batteuses du constructeur. Le support mobile – téléphone, tablette – glissé dans une poche, à l’écran cassé ou rayé la plupart du temps, est un inséparable de l’agriculteur. « Un mobile est toujours plus rapide et intuitif qu’une console, estime Noëlie Aussel. Il a des capacités supérieures d’enregistrement des données, de rapidité de leur traitement et de transmission par un routeur wifi. » Connect Mobile fonctionnera avec l’application MyOperations du John Deere Operations Center. Ce nouveau logiciel devrait produire sur une tablette un visuel évocateur des performances de la machine au travail. Les données de chantier transmises sur les consoles en cabine ne donnent pas toutes lieu à une carte. Celle de la singulation pour un semoir monograine, par exemple. Une batterie de capteurs sera à son service, rendement et humidité sur une moissonneuse-batteuse, passage de la graine et pression d’enterrage sur un semoir de précision, débitmètre sur un pulvérisateur. Le principe reste simple : « Je remarque des adventices, je sors ma tablette, j’ouvre MyOperations ». Les cartes des interventions précédentes fournissent les repères nécessaires à l’analyse : problème lors d’un passage avec l’outil, dégât de gibier, parasite ? À moi de décider.
D.–J. L.
Data Connect, initié par Claas, devrait intéresser les agriculteurs opérant avec des matériels de marques différentes, comme une moissonneuse-batteuse du constructeur allemand et un tracteur John Deere tractant une benne à céréales, par exemple. Ce système d’échanges de données répondant au principe informatique du cloud to cloud règle le problème du chacun pour soi conçu jusqu’à présent par chaque constructeur à travers son propre portail web. En clair, l’opérateur et le gestionnaire de la moissonneuse-batteuse Claas pourront désormais accéder aux données enregistrées par le tracteur John Deere et sa benne dans laquelle est vidangée la récolte. Et réciproquement. Le recours fastidieux à autant de plateformes (ou portails) que l’on a de marques de machines dans son exploitation est donc terminé. Du moins si, outre Claas et John Deere, on possède des matériels Case IH, New Holland et Steyr, tous adhérents à Data Connect. Claas précise, pour ce qui le concerne, que le nouveau dispositif sera disponible gratuitement pour la moisson 2020. À condition, toutefois, de posséder sa plateforme client Telematics.