Les contraintes économiques, écologiques, agronomiques et sociétales s’accumulent. La Fédération des oléoprotéagineux (FOP) l’a déploré lors de son assemblée générale le 30 janvier dernier, mais elle a aussi pointé des perspectives qu’offrent ces mêmes contraintes pour le développement de la filière. L’utilisation croissante de biocarburants, l’accélération de la « souveraineté protéinique » conjuguent en effet à la fois une augmentation des volumes de production française, une valorisation des productions et une réduction des importations.
Dans tous ces domaines, les attentes des producteurs, qui veulent y voir plus clair et pouvoir mettre en place des stratégies d’investissement, sont fortes. Les craintes concernent notamment l’avenir des produits phytosanitaires et la recherche génétique. « Les pouvoirs publics nous retirent des matières actives sans se soucier de leur impact économique dans nos exploitations et nous laissent sans alternatives », a dénoncé Armand Rousseau, président de la FOP. Dans certaines zones, il est déjà impossible de lutter contre les parasites, d’où une tendance à la réduction des surfaces semées, un très mauvais signe pour la filière. Elle cherche à parer la difficulté en cherchant des solutions culturales qui ne viennent pas des labos, mais celles-ci demandent du temps alors que la demande sociétale est au tout, tout de suite.
Voilà pour les craintes. Il y a aussi des perspectives prometteuses : le colza est essentiel pour les abeilles car ce sont les premières fleurs à la sortie du printemps sur lesquelles elles butinent. Le biodiesel fait désormais partie intégrante des politiques visant à réduire les gaz à effets de serre. La demande va s’accélérer, avec un déploiement dans les flottes captives des collectivités territoriales, dans le fioul domestique et même dans le kérosène des avions puisque l’obligation d’incorporation va être croissante, de 2 % en 2025, 5 % en 2030 et 50 % en 2050…
Le plan protéine coincé dans les tiroirs.
Autre perspective : le « plan protéines ». Il s’agit de favoriser les protéines végétales sans OGM produites dans l’Hexagone. La production de soja a déjà triplé, la teneur protéique des pois va augmenter et le tourteau de colza doit être une priorité pour l’alimentation premium, comme les viandes labellisées. Dans l’alimentation humaine, une nouvelle offre répondant à une demande d’aliments écolos doit surgir. Mais ce plan d’action « protéine », pourtant soutenu par le président de la République, reste coincé dans les tiroirs. La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, venue clore l’assemblée générale de la FOP, s’est toutefois voulue rassurante. « Il y aura des annonces lors du Salon de l’agriculture. Les biocarburants et le plan protéines figurent parmi les priorités. » De quoi rassurer les producteurs, sous réserve qu’ils puissent continuer de produire…