Trente-deux réunions ont eu lieu entre le 6 et le 23 janvier, organisées en régions par les syndicats betteraviers de la CGB. Tous les dossiers d’actualités du secteur betterave-sucre ont pu être évoqués. « Une grande inquiétude s’est exprimée face aux impasses techniques, à la baisse des rendements, aux prix et aux marges très dégradés, mais aussi face aux stratégies des groupes sucriers », détaille Sébastien Audren, directeur adjoint du syndicat CGB Île-de-France.
Les particularités régionales ont été plus prégnantes cette année compte tenu des dossiers sensibles que connaît le secteur. Le dossier des organisations de producteurs a été au cœur de chaque réunion dans les zones Saint Louis Sucre. « Les planteurs ont le sentiment de subir un rouleau compresseur. Ceux qui ont répondu après le 20 décembre au courrier du groupe se sont vu appliquer une réduction de 15 % de leurs surfaces », alerte Benoît Carton, le directeur des syndicats de Normandie. « Comment Saint Louis Sucre peut-il prétendre construire l’avenir avec les planteurs ? », s’interroge-t-il.
Dans l’Est, la disparité des rendements entre certaines zones décourage. « Il y a un gradient nord-sud très marqué, avec des zones à 40 t/ha à 16 °S et d’autres à 100 t/ha », souligne Benoît Yot, directeur de la CGB Nord-Est. Dans l’Aube, les rendements atteindraient 75 t/ha à 16 °S pour la deuxième année consécutive, alors qu’ils se situaient autour de 90 t/ha pour la moyenne cinq ans.
Répercuter la remontée des cours
La politique commerciale des groupes sucriers interroge fortement : « Il y a un sentiment généralisé de défiance vis-à-vis des sucriers, qu’ils soient privés ou coopératifs », affirme Sébastien Audren. Beaucoup de planteurs se demandent comment les groupes vendent et pourquoi la remontée des cours tarde à se répercuter sur les revenus. Les modalités de contractualisation 2020 ainsi que les prix de betteraves à venir ont alimenté les débats. La plus grosse crainte est le non-renouvellement des engagements coopératifs. « On sent une grande attente de signaux positifs de la part des sucriers, qui redonnent confiance, pour continuer à produire de la betterave », insiste Emmanuel Pigeon, directeur du syndicat des Hauts-de-France et de l’Aisne.
La confiance en la culture et en ses instances gouvernantes ressort fragilisée. « Beaucoup de planteurs ont découvert avec stupéfaction les relations difficiles qui existent dans la filière entre les acteurs », révèle Benoît Yot.
En attendant une possible amélioration en 2020, les planteurs s’intéressent à la certification environnementale des exploitations agricoles et en particulier à son niveau le plus élevé, la haute valeur environnementale (HVE). Les jeunes betteraviers ont une image positive des sujets HVE et du stockage du carbone. Ils n’en attendent pas de réelle plus-value économique mais y voient une manière de faire valoir leurs bonnes pratiques afin, entre autres, d’améliorer leur image. Un espoir pour les prochains mois.