Le sucre brut s’approche désormais du seuil psychologique de 13 cts/lb, au terme d’une sixième semaine consécutive de hausse. Le sucre blanc suit la tendance, avec une prime de blanc (différence entre le sucre brut et le sucre raffiné) qui approche des 60 dollars – une valeur en progression
mais qui reste faible.
Les derniers chiffres de la campagne brésilienne n’y sont pas pour rien. Elle se termine en effet de façon précoce avec une moindre disponibilité en canne. Aujourd’hui, 120 usines ont déjà fermé leurs portes alors qu’à la même époque, l’an dernier, elles n’étaient que 86 dans cette situation.
L’analyste F.O. Licht revoit également à la baisse les chiffres de la production indienne. Les inondations au Maharashtra, État pilote dans la production de canne, font que les surfaces récoltées dans cet État devraient baisser de 33 % ! Le pays, dans son ensemble, ne produirait plus, selon l’analyste, que 28,3 Mt de sucre (équivalent roux), soit 7,6 Mt de moins que lors de la saison précédente.
Néanmoins, la faiblesse de la monnaie brésilienne (il faut plus de 4,2 réaux par dollar) freine une nette reprise des cours. En revanche, la faiblesse, également, de l’euro face au dollar (un euro vaut désormais moins de 1,10 dollar américain, ce qui ne s’était pas vu depuis mai 2017), fait que la conversion des valeurs du marché à terme du sucre blanc, en sortie sucrerie française, ressort autour de 300 €/t, ce qui ne s’était pas vu depuis un an et demi. Il y a en revanche peu d’informations nouvelles sur le marché intracommunautaire du sucre. On tournera donc les regards vers l’éthanol qui représente un débouché de 23 à 25 % des betteraves françaises. Les cours européens continuent à bien se tenir, avec une demande robuste et qui semble durable. L’éthanol dépasse en effet les 65 €/hl depuis quinze jours, ce qui permet de valoriser la betterave autour de 25 ou 26 €/t à 16 °S, hors pulpe. Un refuge bienvenu : cela représente un gain de 5 €/t, pour la betterave, par rapport à leur valorisation via le marché mondial du sucre.
Timothé Masson, CGB