Savez-vous que si chacun achetait une chemise en lin au lieu d’une chemise en coton, on économiserait l’équivalent de l’eau bue par les Parisiens pendant un an. En effet, on estime que cultiver un kilo de coton nécessite 3 000 litres d’eau et que 11 % des pesticides utilisés dans le monde sont consacrés à cette culture.
Le lin est une plante naturelle qui n’a besoin d’aucune irrigation, peu d’intrants et qui retient bien les gaz à effet de serre. En plus, c’est une plante durable qui se récolte de la racine à la tête (graines). Dans le lin, tout est bon. Il n’y a rien à jeter. Sa fibre est reconnue pour sa légèreté et sa résistance. Elle est utilisée dans l’habillement, le linge de maison mais aussi les matériaux composites. Le lin ne produit aucun déchet car ses sous-produits comme les étoupes (fibres courtes) sont utilisés en papeterie (papier à cigarettes, billets de banque) et les anas (fragments de paille) servent au paillage horticole ou en litière pour animaux.
Une plante vertueuse
Laurent Cazenave, chargé de communication à la coopérative Terre de lin à Saint-Pierre-le-Viger en Seine-Maritime fonde beaucoup d’espoir sur le développement de la fleur bleue et ses capacités à rester une plante vertueuse en terme environnemental. « Terre de lin est la seule structure qui regroupe l’ensemble des activités amont de la filière lin textile : la création variétale, la production de semences et les transformations de fibres par teillage et peignage », indique Laurent Cazenave avant d’évoquer les grands axes de développement de la recherche pour encore mieux respecter l’environnement. Terre de lin travaille depuis trente ans sur la tolérance naturelle de la plante et sa résistance aux maladies comme la fusariose et la brûlure. La coopérative cauchoise a créé la première variété cultivée en France, Bolchoï, tolérante à l’oïdium. Autre axe de travail, la désinfection des semences par la vapeur d’eau. Un savoir-faire de pointe pour des semences hightech. Terre de lin est la première coopérative en France et dans le secteur du lin à utiliser ce procédé naturel, le Thermosem, pour optimiser l’état sanitaire des semences qui passent dans un tunnel rempli de vapeur d’eau. Un refroidissement et un séchage rapide sont ensuite réalisés dans un second tunnel pour un état sanitaire optimal, se plaît à décrire Laurent Cazenave, avant d’évoquer le troisième axe de travail sur le désherbage mécanique avec des herses étrilles et des bineuses autoguidées pour faire du lin une culture complètement naturelle.
Patrice Lefebvre