Le ciel s’est un peu éclairci pour les oléagineux, le soja testant le seuil des 330 $/t à Chicago, et le colza grimpant jusqu’à 365 €/t, avant de fléchir légèrement. Le Fob Moselle affiche ainsi 362 €/t le 16 avril, contre 358 €/t quinze jours plus tôt. Le Rendu Rouen remonte un peu aussi à 356 €/t, et les marchés à terme sont plus optimistes, à 361 €/t pour l’échéance de mai, 364 € pour l’échéance d’août, mais surtout 368 € pour l’échéance de novembre 2019 et 371 € pour l’échéance de février 2020. Seul le canola reste bloqué à 340 $/t, en raison du nouveau contentieux entre la Chine et le Canada provoqué par l’affaire Huawei. Les autorités canadiennes ont dû arrêter la fille du fondateur du groupe chinois à la demande de la justice américaine pour cause de commerce avec l’Iran. Mais les Canadiens cherchent à faire libérer la dirigeante et sortir de l’impasse.
Peut-on parler de cause à effet ? Poursuivant sa volonté de rééquilibrage de sa balance commerciale, Donald Trump a demandé à l’Europe d’ouvrir des négociations, laquelle s’est empressée d’y répondre. Quatorze milliards de dollars sont en jeu. Quels produits sont concernés ? Les voitures allemandes, Airbus, mais les Américains veulent aussi ouvrir le dossier agricole, ce à quoi l’Europe s’oppose. Les importations de soja américain ont déjà doublé depuis la crise sino-américaine, mais des droits de douane, des normes ou des aides pourraient être dans le viseur. Pour l’instant, les marchés n’en tiennent pas compte.
Les opérateurs préfèrent regarder avec optimisme les relations sino-américaines, quand bien même celles-ci n’évoluent pas. Trump tweete un jour sur “l’accord extraordinaire” à venir et le lendemain sur les limites qu’il faut en attendre. Les Chinois, de leur côté, sont revenus à l’achat de quelques millions de tonnes de soja américain en février et mars, ce qui a animé le marché. Mais ils continuent de diversifier leur approvisionnement. Ainsi, un accord vient d’être signé par la Chine pour des importations de tourteau provenant de Russie.
Du coup, on en vient à oublier que les cours sont aussi fixés par une offre et une demande mondiale, des stocks et des prévisions de récolte. Or, selon le dernier rapport de l’USDA, les stocks s’accumulent aux États-Unis et au Canada. Le Brésil attend une récolte record de 117 Mt, l’Argentine 55 Mt, et en Europe, la récolte de colza serait finalement stable à 20 Mt. La diminution de la récolte 2019 en France, estimée à 4,5 Mt, n’aura qu’une faible incidence sur les cours.
Sylvain Aubril