Les Français ont fait beaucoup de bruit, le 12 mars dernier, devant l’imposante façade du siège social du premier sucrier mondial Südzucker, la maison mère de Saint Louis Sucre.
Plus de 150 planteurs, accompagnés d’une quarantaine de salariés et d’une dizaine d’élus (députés, conseillers régionaux et départementaux, maires) s’étaient déplacés à Mannheim en Allemagne pour exprimer leur colère, alors que les dirigeants de Südzucker recevaient des représentants des salariés, lors d’un comité central d’entreprise concernant le plan de restructuration.
Une délégation de planteurs emmenée par le président de la CGB, Franck Sander, a été reçue et a donc pu entamer une première discussion avec les patrons du groupe allemand. Les Français tenaient à faire passer quelques messages avant que les dirigeants de Südzucker ne rencontrent demain, le 13 mars, trois ministres : Bruno Le Maire (Economie), Didier Guillaume (Agriculture) et Muriel Pénicaud (Travail). « Que des dirigeants industriels soient convoqués par 3 ministres, cela ne s’est jamais vu », a déclaré Franck Sander devant les manifestants.
Des négociations le 22 mars
Ce 12 mars a été en quelque sorte un round d’observation avant le rendez-vous prévu le 22 mars à Strasbourg entre la CGB et les dirigeants de Südzucker, où la négociation débutera vraiment. La manifestation avait pour but de montrer la détermination des planteurs et les soutiens politiques dont ils disposent. « Quand je vois autant de planteurs qui viennent manifester, cela nous encourage à aller jusqu’au bout. Il faut que les Allemands comprennent notre détermination », a déclaré Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados-Sarthe et Orne.
Son collègue président de la CGB Somme, Dominique Fiévez, s’est félicité du soutien de nombreux élus de tous niveaux : local, régional, national et jusqu’au président de la République. « Maintenant nous sommes au début du dossier. Vous, salariés de Saint Louis, et nous, planteurs, nous voulons maintenir les bassins de production et les usines ».
Alexandre Quillet, président de la CGB Eure, s’est réjoui de voir autant d’élus qui pensent que les deux sucreries de Cagny et d’Eppeville sont viables. « Ce n’est pas pour des raisons économiques que Südzucker veut les fermer. Je suis persuadé que les deux usines pourraient fonctionner en 2020 et après, techniquement et financièrement. Il nous faut une réponse au plus tard le 30 juin, car nous devrons prévoir les assolements 2020 dès cet été ».
« Assurer la continuité des deux usines »
Recevant les représentants des planteurs français, les dirigeants allemands ont brossé un tableau pessimiste sur les perspectives économiques du secteur sucrier. De son côté Franck Sander a plaidé pour que « la filière française éviter le repli sur soi, comme le veut Südzucker. Nous savons qu’il y a d’autres raisons que celles du marché. Pour nous, sur 10 ans, il y aura 7 années rentables en moyenne. Il faudra passer les 3 années difficiles, comme celles que nous connaissons actuellement. C’est cette vision du marché que nous souhaitons faire partager aux dirigeants de Südzucker ».
Enfin, le président de la CGB a fustigé la décision du groupe allemand de laisser quelques employés sur chaque site pour que « les planteurs français ne puissent pas continuer à faire de la valeur ajoutée sur leurs exploitations. Si Südzucker veut partir, alors qu’il le fasse. Mais à condition que les planteurs français puissent redémarrer les usines et assurer la continuité de ces sites, parce que nous croyons à la filière betteravière française ».
François-Xavier Duquenne, à Mannheim (Allemagne)