Et de deux ! Fort d’une première édition réussie en juin 2018, le forum international de l’agriculture Planet A, tiendra sa deuxième édition, les 27 et 28 juin 2019. Lancée il y a un an par le maire de Châlons-en-Champagne (Marne), Benoist Apparu, l’initiative se veut un carrefour mondial des enjeux agricoles, réunissant des personnalités internationales. L’an passé, 390 acteurs venus de 32 pays s’étaient donné rendez-vous en juin dans la cité marnaise, déjà connue pour sa foire agricole en septembre. « Il y a trois défis planétaires majeurs à relever d’ici 40 ans : nourrir 10 milliards de personnes, contre 7 aujourd’hui, réduire le prélèvement des ressources naturelles, et limiter les impacts du changement climatique. Nous voulons démontrer que l’agriculture est une réponse majeure à ces trois enjeux », affirme Benoist Apparu.
La qualité des sols
Cette année, le forum, à nouveau placé sous le Haut patronage du président de la République, se dote d’un thème comme fil rouge : « la qualité des sols pour la santé du vivant ». Pourquoi ce sujet ? « Le sol est une entité vivante. Sa qualité et sa santé sont décisives sur la vie des plantes, des animaux, des hommes, et de tous les écosystèmes », explique Jean-Pierre Rennaud, le président du comité scientifique de Planet A, pour qui « le sol est un enjeu majeur dans la régulation du climat et de la qualité de l’air, par sa capacité de captation et de stockage du carbone comme de recyclage d’autres gaz ». Pour les organisateurs, la question des sols se pose aussi dans ses usages : terres cultivées, terres convoitées, terres accaparées et terres partagées. Cette réflexion fait écho aux débats du forum 2018 au cours desquels le professeur Rattan Lal, spécialiste des sols et co-récipiendaire du prix Nobel de la paix 2007, a appelé à réfléchir à un cadre commun pour protéger et défendre les sols à l’échelle planétaire », insiste Dominique Pierre, président de Planet A et ancien directeur de la coopérative champenoise Nicolas Feuillatte.
Une échelle mondiale
Ce cadre commun pourrait bien voir le jour sous la forme d’indicateurs sur l’état des sols. « Nous voudrions créer à Châlons une échelle mondiale permettant de mesurer la qualité des sols, qui prendrait en compte la disponibilité de la surface agricole, le captage du carbone, la capacité à nourrir et à maintenir la biodiversité », souhaite Benoist Apparu. En attendant, le programme des deux jours ainsi que la liste des personnalités ne sont pas encore arrêtés. « Une fois que le programme sera élaboré, nous essaierons de trouver des porte-paroles internationaux pour porter les sujets », explique Dominique Pierre. Ville en bouleversement social et économique, Châlons-en-Champagne entend bien prendre sa revanche sur le plan agricole. « Nous avons une vraie légitimité. Nous sommes au coeur des grands bassins céréaliers et sucriers français.
Nous souhaiterions que le forum annuel devienne l’équivalent agricole des COP sur le climat », se plaît à rêver Benoist Apparu. L’ancien ministre du logement de Nicolas Sarkozy a pris en tout cas fait et cause pour faire de sa ville le carrefour mondial de l’agriculture. Dans les cartons également : un Institut des hautes études de l’agriculture (lire l’encadré) et la création, d’ici cinq ans, d’une Cité de l’agriculture, à la manière de la Cité du vin à Bordeaux. Restera à trouver des investisseurs privés motivés par ce projet. À suivre.
Adrien Cahuzac
Un Institut des hautes études de l’agriculture
Il sera lancé en octobre, sur le modèle de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), promet Benoist Apparu. Construit en lien avec l’université de Reims Champagne-Ardenne, d’AgroParisTech, du Cnam, de Neoma Business School et de Sciences Po, l’Institut Planet A a pour ambition de sensibiliser et d’informer des professionnels de tous les horizons. Le premier programme de l’Institut proposera environ 160 heures de formation et de rencontres réparties sur 23 jours, aux professionnels concernés par l’Agriculture et ses impacts : quels que soient leurs secteurs d’activités, 60 experts parmi des hauts fonctionnaires, élus, cadres des territoires, professionnels du secteur privé et public, experts du monde agricole, ONG, etc, bénéficieront d’une approche multidisciplinaire, visant à formuler des idées et des solutions pour bâtir l’agriculture de demain.