Le travail du sol a plusieurs objectifs
La présence de résidus du précédent ou du couvert d’interculture, au moment de l’implantation de la betterave, peut poser problème lors du passage avec l’outil de préparation ou le semoir (résidus dans le sillon). Pour éviter cela, des déchaumages réguliers doivent être réalisés dès la récolte de la culture précédente. Le travail du sol profond permettra également d’enfouir les résidus dans les horizons. La préparation du sol pour les betteraves doit répondre à trois objectifs principaux. Le premier est de réchauffer le lit de semences en ayant un horizon ressuyé et aéré, avec de la terre fine dans les premiers centimètres, permettant une levée rapide et homogène. Ensuite, de 5 à 10 cm de profondeur, le sol doit avoir une bonne cohésion et une bonne porosité. Ces deux aspects permettront un développement rapide et régulier du pivot. Plus en profondeur, l’objectif sera d’assurer l’accès à l’eau et aux éléments minéraux (notamment durant l’été) grâce à une absence d’obstacle ou de discontinuité.
Une préparation de sol plane et régulière aura aussi d’autres avantages, notamment pour le désherbage mécanique, car la bineuse travaillera à profondeur constante. L’efficacité du désherbage sera ainsi homogène.
Un travail profond à bien positionner
L’horizon profond, de 15 à 25 cm, est travaillé par le labour ou un travail profond de type pseudo labour ou décompactage avant l’hiver. Les bonnes conditions climatiques lors de cette opération limitent le risque de discontinuités ou d’obstacles lors de la progression du pivot. Un labour réalisé en conditions trop humides peut créer une semelle qui limitera l’accès de la culture aux horizons profonds. Cela sera encore plus préjudiciableen année sèche si les racines seà l’horizon labouré.
Le positionnement du travail profond en non labour est important en sols de limons argileux, argiles, argilo-calcaires. Il sera réalisé en fin d’été dans un sol bien ressuyé. Un travail dans un sol humide aura un effet limité. En sols de limon, sol de craie et cranette, les périodes d’interventions sont plus larges car ces types de sols ressuient plus vite après une pluie. Ils sont en revanche plus sensibles à l’érosion au printemps.
Eviter le fourchage dans les premiers horizons
La bonne structure des premiers horizons, sous le lit de semences, influe directement sur la conformation de la racine. Si la racine principale rencontre un lissage sur les 5 à 15 premiers centimètres, une zone tassée ou un obstacle, elle va alors fourcher et la racine principale va se diviser en plusieurs racines. Ce phénomène s’observe également lorsque cet horizon manque de cohérence et que le sol est trop « soufflé » (insuffisamment rappuyé). La racine sera alors libre de se diviser en plusieurs ramifications. Un fort taux de fourchage a tendance à augmenter la tare terre car de la terre reste entre les racines. De plus, les différentes pointes vont casser lors de la récolte ce qui induit des pertes de matière supplémentaires et une moindre aptitude à la conservation en ouvrant des portes d’entrée aux pourritures.
Un lit de semences fin et rappuyé
Lors de la préparation du lit de semences, l’objectif est d’obtenir un horizon nivelé, resserré avec trois quarts de terre fine et un quart de petites mottes. La terre fine permettra au sol de se réchauffer, ne bloquera pas la levée de la plantule et les mottes limiteront la battance en cas de pluie. Le lit de semences doit répondre à deux fonctions : assurer la germination et une levée rapide des graines. L’imbibition de la graine pour la germination nécessite un bon contact terre-graine avec de la terre humide. La levée rapide est possible lorsque la graine est recouverte de terre fine. Ce résultat est obtenu lorsque la préparation est régulière en profondeur (autour de 5 à 7 cm de terre travaillée). Cette préparation doit être réalisée dans un sol bien ressuyé. Dans le cas contraire, un phénomène de lissage superficiel peut se produire ce qui risque de gêner le bon développement du pivot.
Adapter le matériel
Le type d’outils a une incidence sur la préparation de sol, mais le nombre de passages joue encore plus sur l’affinement de surface. Les outils combinés, associant dents, rouleaux ou crosskillettes, sont utiles pour niveler et affiner le sol en surface. Les dents droites sont préférables à celles à profil courbé : elles permettent de faire foisonner la terre pour l’affiner alors que les dents courbées vont remonter en surface de la terre plus humide. Ces outils permettent de préparer le lit de semences en un passage mais ce n’est pas toujours le cas. L’observation du sol avant et après passage est primordiale pour déterminer si un nouveau passage est nécessaire.
L’équipement pneumatique et le poids du tracteur sont à adapter à la préparation de sol. Pour cela, il est recommandé de répartir le poids du tracteur sur la surface la plus importante possible (pneumatiques jumelés, tasse avant, pneus larges, etc.) en adaptant finement la pression des pneumatiques. Le risque est d’avoir un niveau de rappui irrégulier sur la largeur de travail qui conduira à des remontées d’eau capillaires inégales en année sèche, ce qui provoquera une levée échelonnée des betteraves.
Institut technique de la betterave (ITB)