Le marché du sucre est attentiste et se contente de suivre les cours de la monnaie brésilienne : il se reprend sur la semaine et côtoie à nouveau les 13 cts/lb.
Les fondamentaux restent porteurs, et les filières sucrières mondiales, réunies à l’International Sugar Organisation (ISO) fin novembre à Londres, l’ont souligné : les grands acteurs du marché mondial en 2017-2018 anticipent tous une baisse de production sur la campagne actuelle. Cela s’explique davantage par un retour à des rendements classiques, après une campagne 2017-2018 pléthorique dans le monde entier, que par des réductions de surfaces. Mais une inconnue, que peu d’analystes avaient vu venir, s’invite dans le marché : le cours du pétrole. Il a perdu 30 % depuis début octobre et revient à des niveaux que l’on avait peut-être un peu trop vite oubliés. Le Brent affiche à nouveau 60 $/baril, à la veille d’une réunion de l’OPEP début décembre, annoncée comme cruciale.
Or, qui dit pétrole bon marché, dit éthanol bon marché. Pour l’instant, l’Europe semble à l’abri : l’éthanol T2 à Rotterdam dépasse les 53 €/hl (son plus haut niveau depuis un an), mais uniquement sur l’échéance proche : sur celle de mai, il est déjà autour de 50 €/hl.
L’effet est bien plus rapide au Brésil : l’éthanol hydraté (celui utilisé, tel quel, par les véhicules flex fuel) a perdu presque 10 % en réal, et l’éthanol anhydre (qui est mélangé à hauteur de 27 % avec de l’essence) a perdu 8 %. Avec le niveau actuel des prix de l’éthanol, on est exactement à parité avec un marché mondial du sucre à 13 cts/lb…
La situation sera à suivre de près, notamment à l’entrée de la campagne brésilienne, en avril prochain : si le pétrole rebondit, l’allocation de la canne vers l’éthanol pourrait produire un déficit sur 2018-2019, et permettre un rebond des cours. Mais si ce n’est pas le cas, la notion même de déficit pourrait être remise en cause… Car, son allocation changeant, l’inconnue brésilienne représente quelques 11 Mt de plus ou de moins sur le marché mondial !
Timothé Masson, CGB