Cette année atypique est un peu déconcertante pour quiconque tente d’établir des prévisions de rendements. Ceux-ci ont d’ailleurs été régulièrement revus à la baisse et rares sont les observateurs à vouloir aujourd’hui avancer un chiffre moyen pour la France. « Parviendrons-nous aux 80 t/ha ? », s’interrogeait toutefois le président de la CGB, Éric Lainé, récemment dans nos colonnes. Le poids des racines est faible et surtout ne progresse pas à mesure que la campagne avance. « La betterave était usée à la sortie de l’été », déplore le délégué ITB Champagne, Pascal Amette. Les richesses en sucre sont élevées : 19,4 °S en moyenne, mais elles dépassent souvent les 20 °S et atteignent même parfois 22 °S ! Les rendements sont très hétérogènes selon qu’un orage est passé ou non ou que les terres sont plus ou moins séchantes. « Il faut s’attendre à une baisse de 10 % des rendements habituellement constatés et 15 % par rapport à l’excellente année 2017 », estime Ghislain Malatesta, responsable du département expérimentation et expertises régionales de l’ITB.
La cercosporiose est le deuxième facteur pesant très fortement sur les rendements. Cette maladie est présente sur pratiquement toutes les zones betteravières, sauf sur la bande littorale qui aura été la plus avantagée par les conditions climatiques cette année. Les planteurs alsaciens, qui sont traditionnellement confrontés à cette maladie, ont réussi à la maîtriser et tirent leur épingle du jeu en termes de rendements. En plus du manque d’eau et de la forte pression de la cercosporiose, le sud de Paris et la Champagne ont subi des attaques de rhizopus. La canicule et les maladies (cercosporiose et rhizoctone brun) pénalisent également les rendements des planteurs auvergnats. Ces faibles rendements ont un impact sur plusieurs usines qui ne tournent pas à leur pleine capacité. La durée de campagne, qui était prévue à 122 jours en moyenne début septembre pour les 25 sucreries françaises, a ainsi été revue à la baisse à 111 jours.
Un rendement en chute de 15,1 %
Selon le ministère de l’Agriculture, dans sa note de conjoncture Agreste du 1er novembre, la production de betteraves s’établirait à 39,2 Mt, en recul de 15,4 % par rapport à l’an passé, à cause de la sécheresse. Elle resterait cependant en progression de 5,3 % sur la moyenne quinquennale 2013-2017. Les surfaces sont restées à un niveau élevé (484 000 ha) comme l’année précédente à la suite de la fin des quotas sucriers. Le rendement serait en fort recul à 80,9 t/ha en 2018 (-15,1 % par rapport à 2017) du fait de la sécheresse et des maladies. « Il faut remonter à 2006 pour trouver un rendement plus bas », note le ministère de l’Agriculture.
François-Xavier Duquenne