Le marché du sucre vient de connaître trois semaines comme il n’en avait pas vues depuis longtemps… Le cours du sucre roux a ainsi gagné quelques 35 % depuis le plus bas du 26 septembre, lorsque l’échéance de décembre 2018 avait clôturé sous les 10 cts/lb… L’échéance de mars 2019 (désormais la plus proche) a pris 12 % depuis l’entrée en campagne. Comment en est-on arrivé là ? La monnaie brésilienne n’est pas étrangère à cette évolution. Son cours est passé de 4,11 BRL/US$, avant les élections brésiliennes, à moins de 3,73 BRL/US$ à la mi-octobre, une fois quasiment acquise la victoire de Jair Bolsonaro, favori des
milieux d’affaires. Ce gain de 10 % face au dollar impose au premier exportateur mondial de faire grimper d’autant ses prix en dollar, s’il veut toucher le même montant en Réal.
Dans la foulée, les spéculateurs anticipent et accompagnent la reprise du marché. Ils sont désormais net vendeurs de 4,8 Mt : c’est presque 3 Mt de moins qu’il y a 15 jours !
Maintenant que l’effet de la politique publique indienne est acté par le marché (le pays devrait exporter environ 5 Mt), les analystes ont pu s’intéresser de plus près aux autres pays. Et là encore, c’est du côté du Brésil que les regards se sont tournés. Le pays confirme que la campagne touche à sa fin, en avance par rapport aux autres années : la dernière quinzaine de septembre a vu le broyage de moins de 30 millions de tonnes de cannes, contre plus de 40 l’an dernier à la même époque, avec une allocation à l’éthanol toujours à son maximum (67 % sur la quinzaine : presque 15 points de plus que la même quinzaine, l’an dernier !). Bref, on attend autour de 32 Mt du Brésil, contre 42 Mt la campagne précédente ! Dans la foulée, l’analyste F.O.Licht revoyait à la baisse l’excédent mondial 2017-2018 à 6,3 Mt (1,4 Mt de moins que sa dernière estimation), et celui, pour 2018-2019, à 5,4 Mt (2,3 Mt de moins que sa dernière estimation).
Le plus bas semble ainsi désormais derrière nous. Il est peu probable que l’on redescende à nouveau sous les 10 cts/lb : les nouvelles attendues seront désormais de nature haussière. Néanmoins, sans visibilité sur la politique indienne sur 2019-2020, l’hypothèse d’un nouvel excédent sur la future campagne n’est pas impossible.
TIMOTHÉ MASSON, CGB