En France, les premières captures de chrysomèle remontent à la fin des années 1990. Au départ, la lutte reposait sur une stratégie de quarantaine afin d’éradiquer l’insecte, avec la mise en place de zones focus et de sécurité autour des foyers, où s’appliquaient des mesures de lutte chimique et rotationnelle. Mais la chrysomèle prolifère, et « l’application de la réglementation devient trop complexe », indique Jean-Baptiste Thibord, d’Arvalis. En Alsace et en Rhône-Alpes, la stratégie d’éradication fait alors place à une stratégie de confinement, qui impose la rotation des cultures à proximité des captures. « Cette stratégie a permis de stabiliser le niveau de population. Mais l’objectif de confinement a échoué », note Jean-Baptiste Thibord. Du coup, fin 2013, la chrysomèle perd son statut d’insecte de quarantaine. La lutte n’est plus réglementée, mais le piégeage se poursuit et révèle que le nombre de captures continue à évoluer.
Couper le cycle du ravageur par la rotation
Dans le Bade-Wurtemberg, il n’y a désormais presque aucun piège sans infestation. Raphaël Maurath, du Landkreis Breisgau Hochschwartzwald, illustre : dans l’arrondissement de l’Ortenau (N.D.L.R. : arrondissement du Bade-Wurtemberg situé dans le district de Fribourg-en-Brisgau), en 2018, 20 556 adultes ont été piégés par 150 pièges, soit en moyenne 134 adultes par piège. Certes « il n’y a pas encore de dégâts visibles ni sur les racines ni sur les feuilles, mais la chrysomèle constitue une menace pour la production à l’avenir ». D’où la décision prise par l’administration allemande de mettre en place une rotation, qui sera contrôlée par les services du Land. En Alsace, « au 29 août 2018, le nombre de captures était de 21 196 sur 135 pièges, dont 127 ont capturé, contre 5 831 captures l’an dernier sur 144 pièges », rapporte Jean-Louis Galais, conseiller à la Chambre d’agriculture d’Alsace. Au-delà de l’explosion du nombre de captures, il attire l’attention sur la proportion de pièges qui capturent. Elle est désormais de 94 %, « ce qui reflète la colonisation du territoire ». Les recommandations de lutte élaborées par Arvalis sont essentiellement rotationnelles et dépendent de la densité de population de la chrysomèle, et de la sensibilité du maïs au stress hydrique. « Comme la chrysomèle dégrade le système racinaire, elle affecte la capacité de la plante à aller puiser de l’eau », explique, Jean Baptise Thibord. Si la rotation reste la meilleure des méthodes de lutte, des leviers alternatifs existent. Actuellement, la méthode la plus aboutie est celle utilisant un nématode parasitoïde des larves de chrysomèles (spécialité Dianem). Pour alterner les cultures, les maïsiculteurs alsaciens peuvent compter sur la betterave !
Bérengère de Butler