Alors qu’aux derniers jours de mai, le sucre brut était quasiment monté jusqu’à 12,7 cts/lb, nous stagnons, depuis la mi-août, sous les 10,5 cts/lb… Comme il était annoncé, tout porte à croire que l’Inde dépassera les 35 Mt lors de sa campagne 2017-2018 qui s’achèvera fin septembre. Et la Thaïlande dépassera les 15 Mt pour la première fois de son histoire. Et, pour ces deux pays, compte tenu des surfaces (mais indépendamment du climat), le même montant est attendu en 2018-2019. Le Brésil, sur ses 4 mois et demi de campagne (qui s’achèvera fin mars 2018), annonce, lui, une allocation maximale de canne vers l’éthanol dans sa plus grosse région de production (le Centre-Sud) : ce dernier progresse de 30 % par rapport à l’an dernier, au détriment de sa production de sucre qui est en retrait de 20 % ! Le pays ne devrait pas produire 33 Mt cette campagne, mais cela ne suffit pas à enrayer la pression baissière sur le marché.
Et cette pression est maximale, avec trois tristes records battus ces derniers jours :
Les spéculateurs continuent de voir le marché à la baisse, et accompagnent ce mouvement. Ils sont à nouveau net-vendeurs dans des proportions considé-rables, en pulvérisant, le 21 août dernier, leur record historique : 9,1 Mt ! C’est 6 fois plus qu’à la fin juin… Le Réal, la monnaie brésilienne, pris dans la tourmente des élections d’octobre prochain qui est pleine d’incertitudes, a atteint lui aussi un record de faiblesse. Il faut plus de 4,1 BRL pour avoir 1 US$ alors qu’en janvier dernier il en fallait moins de 3,2. La monnaie du principal exportateur mondial qui dévisse de 30% en 9 mois n’est évidemment pas sans conséquence sur le marché du brut.
Résultat, le sucre roux atteint son niveau le plus bas. Le 20 août, il est même passé sous les 10 cts/lb en séance, ce qui ne s’était pas vu depuis 10 ans.
Certes, le retour à un déficit mondial, prévu pour la campagne 2019-2020, devrait siffler la fin de la partie. Mais que le temps est long d’ici là, et que d’incertitude sur la monnaie brésilienne pour envisager une nette reprise. Un signe d’espoir actuellement : l’éthanol en Europe, qui, cet été, a rebondi, du fait de la hausse des céréales et malgré la baisse du pétrole. Son rôle tampon devrait être utilisé à plein, et pas seulement en Europe : cela sera-t-il en mesure d’accélérer, et d’amplifier, le déficit attendu ?
Timothé Masson, CGB