Les fondamentaux sont toujours très lourds. L’analyste FoLicht a publié son premier bilan prévisionnel pour la campagne 2018-2019, avec un nouveau surplus qui devrait dépasser les 5 Mt. Il a, par ailleurs, revu son surplus 2017-2018, à 7,69 Mt, alors qu’en décembre dernier, il n’était estimé qu’à 3,86 Mt ! La nouvelle a plombé les marchés : comment en est-on arrivé là ? Entre-temps, la Thaïlande a progressé dans sa campagne, et dépasse déjà les 14 Mt, un record. La hausse des surfaces cannières se poursuit, même si elle était passée inaperçue à cause des problèmes climatiques rencontrés par le pays les années antérieures Mais la récolte est abondante, et la rénovation de la politique sucrière thaïlandaise ne semble pas changer la donne. L’Inde, également, aura surpris tout le monde par la qualité de sa récolte. Et ce n’est pas fini… FoLicht estime qu’en 2018-2019, l’Inde produira 34 Mt : davantage que le Centre-Sud brésilien ! Certes, les prix domestiques du sucre s’effondrent alors même que le prix de la canne a été relevé par le gouvernement. Et il est évident que le réveil indien sera douloureux pour son industrie. Mais d’ici là, l’Inde et son voisin le Pakistan, qui prend le même chemin, auront produit 11,6 Mt de plus en 2017- 2018 qu’en 2016-2017 .
Dans cette situation, les spéculateurs n’anticipent aucune remontée, et restent vendeurs nets dans des proportions record (8,5 Mt). Et, un malheur n’arrivant jamais seul, le réal commence à souffrir des échéances électorales brésiliennes de l’été dernier : il a dévissé de 6 % depuis le début de l’année. Cette situation mondiale, lourde, pèse sur le marché européen, excédentaire depuis la fin des quotas, et qui atteint donc la parité à l’export. Le dernier relevé de la Commission européenne, pour février dernier, indiquait un prix sortie sucrerie européenne de 369 €/t : c’est 25 % de moins que l’an dernier à la même époque.
Timothé Masson (CGB)