Le développement du miscanthus se fait au fil des nouveaux débouchés. En 2018, l’association France Miscanthus, qui regroupe les acteurs de la filière, dont la plupart sont des coopératives de déshydratation de fourrage, prévoit 5 500 hectares de culture. Le président de l’association, Alain Jeanroy, se réjouit de cette évolution, mais précise qu’avant de se lancer dans la production pour une durée de 20 ans, il faut s’assurer des débouchés. D’autant que le coût d’implantation est élevé (autour de 3 000 €/ha).
Sur le plan agronomique, la culture présente beaucoup d’avantages : pas de fertilisation ni de traitements phytosanitaires (hormis un désherbage la première année), une protection contre l’érosion… et depuis début avril 2018, le miscanthus est éligible aux surfaces d’intérêt écologique (SIE). « Le miscanthus contribue aux objectifs de protection des zones de captage d’eau tout en maintenant une production sur ces terres », indique Alain Jeanroy. C’est le choix qu’a fait la commune d’Ammertzwiller en Alsace, qui valorise la plante dans sa chaudière communale.
Utilisé pour le paillage des massifs de fleurs, il répond également à la démarche du “zéro phyto” dans laquelle doivent s’engager les villes. Rethel utilise par exemple le miscanthus depuis 2009. Ce paillage horticole lui est fourni par la coopérative Luzéal qui en cultive 400 ha. Cette plante est utilisée en co-combustion avec le charbon pour la déshydratation des pulpes et de la luzerne, mais la coopérative produit aussi des granulés pour les litières pour animaux. Enfin, Luzéal vient de lancer un nouvel amendement végétal pour la vigne, à base de miscanthus et de luzerne, appelé Alfamis.
A l’origine implanté comme matière première énergétique, le miscanthus diversifie ses débouchés avec le paillage horticole et la litière pour les chevaux, les volailles et les bovins. Aujourd’hui, la production de miscanthus est valorisée aux deux tiers en chauffage, 20 % en paillage et 10 % en litière. Cette plante peut aussi être utilisée par l’industrie biosourcée des produits : le miscanthus peut être incorporé à 30 % dans des parpaings (un produit en phase finale de certification) ou dans des pièces automobiles, comme les tableaux de bord… Le miscanthus sera peut-être la future plante à tout faire !
François-Xavier Duquennne