Avec le rachat de Strube par Deleplanque, c’est le distributeur français qui rachète l’obtenteur allemand pour lequel il travaillait depuis plus de 60 ans. Cette acquisition est une nouvelle et grande étape pour la société familiale Deleplanque (1), qui devient ainsi un obtenteur de semences de betteraves de taille mondiale : le 3e exactement derrière l’allemand KWS et le groupe Florimond Desprez (avec sa filiale SESVanderHave). Strube est en effet présent dans 35 pays, sur tous les marchés de la semence de betteraves à sucre sauf aux Etats-Unis, puisqu’il n’a pas développé de semences OGM. Pour mener à bien cette acquisition, Deleplanque s’est associé à l’entreprise d’enrobage de semences allemande Suet qui prend 40 % du capital. Mais avec 60 %, c’est le semencier français qui est aux manettes de Strube. La holding de tête du groupe (D&S, Deleplanque et Suet) est d’ailleurs basée à Maisons-Laffitte (Yvelines) au siège historique de Deleplanque.
Entreprises familiales
Deleplanque, Suet et Strube sont complémentaires et collaborent depuis plusieurs décennies. Deleplanque multiplie l’essentiel des variétés issues de la sélection Strube, et Suet en assure le traitement, l’enrobage et la logistique. Deleplanque distribue en exclusivité sur le marché français les
variétés de betterave de Strube et pilote par ailleurs son réseau de recherche en France et en Belgique.« Les deux entreprises familiales indépendantes et partenaires historiques de Strube ont les mêmes intérêts. Elles ont donc décidé de construire ensemble un nouvel acteur de la semence de betteraves qui intègre toute la chaîne de valeur depuis la sélection, la production des semences au champ jusqu’à la mise à disposition des produits finis à nos clients. Nous assemblons les morceaux du puzzle », résume Eric Verjux, président du directoire de Deleplanque.
Deleplanque était jusqu’à aujourd’hui présent sur trois segments d’activité : la production de semences, principalement de betterave à sucre, de céréales hybrides, de colza et de semences potagères ; la distribution de semences en France dans le cadre de contrats avec plusieurs semenciers ; la distribution de coproduits industriels (sels de potasse, vinasses…). Désormais, Deleplanque possède son propre matériel génétique en betterave. Si la betterave est l’activité la plus importante, avec 80 % du chiffre d’affaires, Strube est également très présent sur le marché des semences de blé (blé d’hiver, de printemps et alternatif), dont il est le 3e fournisseur en Allemagne. Les semences potagères (pois et maïs doux) sont une activité en plein développement, qui pourra bénéficier de synergie avec les semences déjà développées par Deleplanque. Une nouvelle usine pour les semences de pois va être construite à Villefollet dans les Deux-Sèvres. « La production de semences de pois va s’accroître en France », annonce Eric Verjux. Enfin, le tournesol est essentiellement vendu sur les marchés des pays du Sud et de l’Est de l’Europe. Le département Recherche et développement, les laboratoires d’analyse sur la qualité de la semence restent en Allemagne à Söllingen (Basse-Saxe) tandis que les laboratoires de biotechnologies (marqueurs moléculaires, cultures in vitro) et des serres dédiées à la sélection demeurent à Schlanstedt (Saxe-Anhalt).
Fin du contentieux avec SESVanderHave
Ce rachat a été l’occasion de mettre fin à un long litige entre SESVanderHave (filiale de Florimont Desprez) et Strube. Les deux actionnaires respectifs : Florimond Desprez et Deleplanque ont annoncé le 6 avril qu’ils venaient de mettre fin au « désaccord majeur » qui opposait SESVanderhave et Strube. Ce conflit avait pour origine l’arrêt en 2012 d’une coopération très ancienne entre les deux semenciers sur la recherche génétique. Ce contentieux avait conduit SESVanderhave à « agir en justice dans plusieurs pays contre des entités juridiques du groupe Strube ou
liées au groupe Strube », précise un communiqué commun de Florimond Desprez et Deleplanque. Les deux parties « sont convenues d’une solution amiable au différend qui permet de mettre un terme définitif à toutes les procédures en cours ». Cette solution porte sur une identification claire du germplasm entre les deux entreprises, ainsi qu’un règlement financier dont le montant n’a pas été annoncé. « Strube repart de l’avant avec une génétique performante parfaitement décrite et caractérisée dont il est propriétaire », assure Eric Verjux. L’offre semencière concerne tous les segments de marché : forte pression de la rhizomanie (FPR), nématodes, rhizoctone, cercosporiose, ditylenchus, conservation en silo, tolérance aux herbicides. « Nous accédons à des ressources génétiques uniques et nous allons renforcer la recherche pour répondre aux attentes d’innovation du marché », conclut Eric Verjux.
François-Xavier Duquenne
(1) Le département Recherche reste en Allemagne à Söllingen (Basse-Saxe)